Un chiffre rond et des célébrations d'une ampleur inédite. Quelque six millions d'Albanais des Balkans fêtent les 100 ans de leur indépendance de l'Empire ottoman proclamée un 28 novembre par Ismail Qemali, chef du premier gouvernement de l'Albanie libre. Mais, comme le soulignent tous les médias de la région, aujourd'hui ces réjouissances concernent une population éparpillée sur au moins cinq Etats : l'Albanie, le Kosovo, la Macédoine, le Monténégro et la Serbie. Et la perspective d'une union nationale au sein d'une "Grande Albanie" est présente dans tous les esprits.
"L'avenir nous invite à créer un espace unique pour une nation unique" : le Premier ministre du Kosovo, Hashim Taçi, a dit ce que tout le monde pensait tout bas. Le chef du gouvernement kosovar a aussi indiqué que son pays, qui n'est toujours par reconnu par l'ensemble de la communauté internationale, allait se poser en défenseur de Albanais de Macédoine, mais aussi de la vallée de Presevo, dans la Serbie voisine. "Nous serons les gardiens de leurs droits et leurs revendications", a-t-il dit le 25 novembre lors d'une réunion des leaders albanais de la région, à Skopje. "Par l'intermédiaire de l'Union européenne nous allons réaliser notre projet d'unité nationale", a lancé le Premier ministre albanais Sali Berisha, devant une foule exaltée de 10 000 personnes dans la capitale macédonienne.
C'est à Tirana, la capitale albanaise, qu'aura lieu le point d'orgue des cérémonies, ponctuées par de nombreuses initiatives - parfois insolites - visant à renforcer la fibre patriotique, comme la confection d'un gâteau de treize tonnes à l'effigie de l'aigle bicéphale, la peinture d'un drapeau géant portant le même symbole le long de "l'autoroute de la Nation" reliant l'Albanie au Kosovo, ou encore le sacrifice de quelque 2000 moutons lors d'un méchoui en plein air le 28 novembre.
Détourner les Albanais de leurs problèmes quotidiens
Ces excès n'ont pas fait l'unanimité dans la presse locale. Dans le journal Panorama, l'essayiste Edmond Tupja s'interroge sur le sens de ces célébrations "dans un pays où d'autres libertés fondamentales - justice, expression, science, éducation - sont en panne". Son confrère du magazine Klan, Koloreto Cukalli, se permet même d'imaginer une "célébration qui tourne à vide", boycottée par des Albanais plus soucieux d'améliorer leur quotidien que de faire la fête. Pour beaucoup, l'ampleur des cérémonies tend justement à détourner les Albanais de leurs problèmes présents.
A l'instar du quotidien Express du Kosovo voisin, de nombreux journaux se sont également interrogés sur le sens de cette "hystérie irrépressible où le patriotisme devient presque une compétition". Mais dans ce pays, où les Albanais représentent plus de 90 % de la population et sont avides de reconnaissance internationale, le ton était souvent beaucoup plus compréhensif. "Cette jubilation est légitime, malgré les excès, l'euphorie, le folklore, le mauvais goût, la médiocrité ou l'amateurisme des symboles sur les places publiques", écrit l'éditorialiste Shkëlzen Maliqi. Je pense que l'on peut pardonner aux Albanais cette exaltation éphémère, après un siècle de corps à corps avec le destin, d'insécurité, d'isolement, de dictature, de répressions et de stagnation... Les Albanais fêtent leur joie d'être aujourd'hui sur la bonne voie", poursuit-il.
Mais dans des pays où les Albanais sont minoritaires, ces célébrations ont souvent pris des airs de provocation. Des heurts entre groupes de jeunes Macédoniens et membres de la communauté albanaise (25 % du pays) ont eu lieu à Tetovo, dans l'ouest de la Macédoine, où la population a arboré des drapeaux albanais sur les façades des maisons. Les Albanais du Monténégro ont également défié la récente loi interdisante le déploiement des symboles nationaux des minorités dans les lieux publics. A Presevo, en Serbie, la population albanaise a érigé un monument à la gloire des combattants de l'Armée de libération du Kosovo morts lors d'accrochages avec les forces gouvernementales. Une initiative qui a provoqué la colère du Premier ministre serbe Ivica Dacic, rapporte la radio B92 de Belgrade. "Il s'agit d'une provocation inutile. L'Etat va réagir", a-t-il déclaré.
"L'avenir nous invite à créer un espace unique pour une nation unique" : le Premier ministre du Kosovo, Hashim Taçi, a dit ce que tout le monde pensait tout bas. Le chef du gouvernement kosovar a aussi indiqué que son pays, qui n'est toujours par reconnu par l'ensemble de la communauté internationale, allait se poser en défenseur de Albanais de Macédoine, mais aussi de la vallée de Presevo, dans la Serbie voisine. "Nous serons les gardiens de leurs droits et leurs revendications", a-t-il dit le 25 novembre lors d'une réunion des leaders albanais de la région, à Skopje. "Par l'intermédiaire de l'Union européenne nous allons réaliser notre projet d'unité nationale", a lancé le Premier ministre albanais Sali Berisha, devant une foule exaltée de 10 000 personnes dans la capitale macédonienne.
C'est à Tirana, la capitale albanaise, qu'aura lieu le point d'orgue des cérémonies, ponctuées par de nombreuses initiatives - parfois insolites - visant à renforcer la fibre patriotique, comme la confection d'un gâteau de treize tonnes à l'effigie de l'aigle bicéphale, la peinture d'un drapeau géant portant le même symbole le long de "l'autoroute de la Nation" reliant l'Albanie au Kosovo, ou encore le sacrifice de quelque 2000 moutons lors d'un méchoui en plein air le 28 novembre.
Détourner les Albanais de leurs problèmes quotidiens
Ces excès n'ont pas fait l'unanimité dans la presse locale. Dans le journal Panorama, l'essayiste Edmond Tupja s'interroge sur le sens de ces célébrations "dans un pays où d'autres libertés fondamentales - justice, expression, science, éducation - sont en panne". Son confrère du magazine Klan, Koloreto Cukalli, se permet même d'imaginer une "célébration qui tourne à vide", boycottée par des Albanais plus soucieux d'améliorer leur quotidien que de faire la fête. Pour beaucoup, l'ampleur des cérémonies tend justement à détourner les Albanais de leurs problèmes présents.
A l'instar du quotidien Express du Kosovo voisin, de nombreux journaux se sont également interrogés sur le sens de cette "hystérie irrépressible où le patriotisme devient presque une compétition". Mais dans ce pays, où les Albanais représentent plus de 90 % de la population et sont avides de reconnaissance internationale, le ton était souvent beaucoup plus compréhensif. "Cette jubilation est légitime, malgré les excès, l'euphorie, le folklore, le mauvais goût, la médiocrité ou l'amateurisme des symboles sur les places publiques", écrit l'éditorialiste Shkëlzen Maliqi. Je pense que l'on peut pardonner aux Albanais cette exaltation éphémère, après un siècle de corps à corps avec le destin, d'insécurité, d'isolement, de dictature, de répressions et de stagnation... Les Albanais fêtent leur joie d'être aujourd'hui sur la bonne voie", poursuit-il.
Mais dans des pays où les Albanais sont minoritaires, ces célébrations ont souvent pris des airs de provocation. Des heurts entre groupes de jeunes Macédoniens et membres de la communauté albanaise (25 % du pays) ont eu lieu à Tetovo, dans l'ouest de la Macédoine, où la population a arboré des drapeaux albanais sur les façades des maisons. Les Albanais du Monténégro ont également défié la récente loi interdisante le déploiement des symboles nationaux des minorités dans les lieux publics. A Presevo, en Serbie, la population albanaise a érigé un monument à la gloire des combattants de l'Armée de libération du Kosovo morts lors d'accrochages avec les forces gouvernementales. Une initiative qui a provoqué la colère du Premier ministre serbe Ivica Dacic, rapporte la radio B92 de Belgrade. "Il s'agit d'une provocation inutile. L'Etat va réagir", a-t-il déclaré.
Source - http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2012/11/28/les-reves-de-grandeur-des-albanais
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