Les soulèvements populaires en Tunisie et en Égypte ont des échos jusqu'en Arabie saoudite où un groupe de Saoudiens a lancé une campagne sur Facebook pour réclamer des réformes politiques, sociales et économiques.
Le groupe qui compte plus de 2000 membres prône l'instauration d'une monarchie constitutionnelle et la tenue d'élections législatives dans le riche royaume dirigé sans partage par la dynastie des Al-Saoud depuis les années 1930.
Davantage de justice, de droits et de liberté
Baptisé « Le peuple veut la réforme du régime », le groupe d'opposants demande également davantage de respect des droits de la personne dans le pays et de droits pour les femmes à qui le régime interdit de conduire, de travailler, de se marier ou de voyager sans obtenir au préalable l'autorisation d'un membre masculin de leur famille.
Sur le plan juridique, les membres de cette communauté informatique réclament un système indépendant et plus équitable, une répartition plus équitable de la richesse dans le pays et des mesures pour combattre efficacement le chômage qui stagne autour de 10 % dans le royaume.
Considérant le poids majeur qu'ont eu les médias sociaux dans l'organisation des révoltes en Tunisie et en Égypte, la famille royale saoudienne redoute une contagion rapide du mouvement de révolte dans la péninsule arabique.
Perte d'un allié de taille pour le royaume
Selon l'agence Reuters, la monarchie saoudienne voit d'un très mauvais oeil la chute possible de Hosni Moubarak en Égypte qui ferait perdre au royaume un solide allié contre l'influence grandissante de l'Iran au Moyen-Orient.
Sur le plan intérieur, la monarchie saoudienne dispose toujours de ressources financières importantes qui peuvent être mises à contribution pour apaiser les tensions sociales dans le royaume.Riyad s'inquiète également de l'attitude de Washington qui a rapidement pris ses distances du président Moubarak en Égypte qui, tout comme l'Arabie saoudite, est un allié de longue date des États-Unis dans la région.
L'attitude de Washington face à l'Égypte inquiète Riyad
« Les Saoudiens sont préoccupés par ce qu'il considèrent comme la faute diplomatique des États-Unis consistant à paraître lâcher trop facilement Moubarak », comme ils l'avaient fait il y a plus de 30 ans avec le shah d'Iran, a déclaré à Reuters Simon Henderson, un observateur des affaires saoudiennes basé à Washington.
Le président des États-Unis Barack Obama et le roi Abdallah d'Arabie saoudite, le 3 juin 2009
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« Si les États-Unis poussent au changement en Égypte, la famille royale saoudienne sentira très bientôt la pression sur elle », estime pour sa part Asma Alcharif, professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth.
Cette tempête qui s'élève au Moyen-Orient survient par ailleurs à un moment délicat pour la monarchie saoudienne. La santé du roi Abdallah, âgé de 87 ans, se fait de plus en plus fragile tandis que celle du prince héritier, Sultan, lui aussi très âgé, décline également. Le successeur possible du trône saoudien devient leur frère Nayef, ministre de l'Intérieur.
Radio-Canada.ca avecAgence France Presse et Reuters